Santé – L’Ademat-H va déployer une nouvelle banderole dans 40 communes

En fin d’année dernière, le président de l’Ademat-H (Association de Défense et de maintien de la Maternité et de l’Hôpital de Remiremont), Jean Pierrel, a rassemblé un certain nombre d’adhérents au Centre Culturel Gilbert Zaug de Remiremont à l’occasion de l’assemblée générale de l’association comptant près de 2 000 sympathisants.

Ne pas baisser la garde malgré certaines avancées.

Devant bon nombre de participants, le président Jean Pierrel a lu son rapport moral qui ne laisse aucun doute sur la volonté des membres du bureau de ne pas baisser la garde concernant le devenir de l’hôpital de Remiremont et de sa maternité.

 

Voici de larges extraits de son rapport moral : « Voilà presque 4 ans, pour mémoire le 11 février 2016, l’embryon d’Ademat alors comité de défense  organisait le premier  rassemblement ici le 11 février 2016 pour soutenir les élus du Pays qui avaient exigé que la direction de l’ARS vienne s’expliquer et entendre  le refus de tous de voir la maternité fermer. La maternité n’est pas fermée, pas plus que l’hôpital dont la fusion avec Epinal a été écartée en juillet 2018. Au terme de cette année 2019 alors que la loi santé 2022  envisage de déclasser 500 à 600 hôpitaux en centre gériatrique, faussement appelé hôpitaux de proximité sans maternité ni chirurgie nos mobilisations ont contraint l’ARS (Agence Régionale de Santé) à revoir quatre fois le «Contrat  de performance» avant que seul le DG de l’ARS et le directeur des hôpitaux d’Epinal et Remiremont n’y apposent leur signature. Alors qu’ils souhaitaient l’approbation de tous les présidents de conseil de surveillance jusqu’au CHRU de Nancy Nos mobilisations interpellations ont contraint l’ARS à écrire noir sur blanc en juin 2019 que Remiremont resterait Hôpital de spécialité au même titre qu’Epinal ».

Le président de poursuivre : « Est-ce pour autant que tout est gagné. Non : loin s’en faut. Pas une ligne du contrat de performance n’a été changée et le plan d’économies drastiques décliné à l’article 3 est toujours de 25 millions d’économies, même si comme indiqué précédemment ils  ont été contraints de ramener à 6 millions la première vague d’économies dont Remiremont paie le prix fort. La grève des ʺUrgencesʺ n’en finit pas, 20 lits ont été fermés ici à Remiremont le 1er septembre dernier. Les actions de notre association ont surtout permis de sensibiliser la population et les professionnels de santé aux enjeux et aux risques des décisions du gouvernement, de l’ARS et de la direction commune des hôpitaux locaux. Le prétexte d’économie ou de mutualisation des moyens à l’échelle régionale et départementale cache en réalité un véritable démantèlement de notre système de santé et de glissement du public au privé des actes économiquement rentables ».

JCB N°813 Lors de la dernière A.G de l’Ademat-H

Une nouvelle banderole déployée dans une quarantaine de communes.

Jean Pierrel : « A partir des orientations de la motion votée à l’unanimité l’an dernier, outre refuser le plan de performance, véritable plan de démantèlement, nous avons voulu développer et élargir le front commun du refus de ce plan de performance. Ademat-H a donc souhaité associer les élus des communes et des intercommunalités concernées, les associations, les citoyens et les personnels de santé pour sensibiliser mieux et agir avec plus de poids. Cela s’est traduit par la réalisation et la diffusion de 50 banderoles acquises et installées par une quarantaine de communes du bassin de vie (Vosges et Haute-Saône).

En parallèle cette volonté d’afficher un front uni  s’est aussi traduite par de nombreuses démarches en direction des syndicats départementaux et locaux ; les organisations syndicales d’abord mobilisées pour la défense des agents,  sont aussi confrontées au devenir des politiques de santé et à l’attractivité de leur territoire de vie ».7

JCB N°814 Présentation de la nouvelle banderole

Vers un contrat local de santé ?

Suite du rapport moral : « L’Ademat-H a continué à travailler. Elle a rencontré les élus du Pays de Remiremont et ceux du Parc régional des ballons, elle s’est appuyée sur sa contribution au grand débat pour engager avec les élus la construction d’un contrat local de santé pouvant permettre une remise à plat et une construction collective d’un projet en dialogue avec l’administration. Elle a également développé les contacts avec les autres secteurs des Vosges concernés par l’évolution des hôpitaux généraux (Saint-Dié, Neufchâteau, Vittel… et les voisins meusiens ou alsaciens (en particulier Thann et  Altkirch qui ont vu malheureusement leur maternité fermer le 4 novembre dernier. Tous ces contacts ont renforcé notre conviction que nous vivons tous les mêmes difficultés dans les territoires ruraux en particulier, mais pas uniquement, devant ce double phénomène engendré par l’absence d’une vrai politique publique d’aménagement du territoire : l’abandon progressif des services dits non rentables au profit de la privatisation de ceux qui touchent le plus de monde et l’hyper concentration des richesses autour des grandes unités urbaines qui captent à la fois l’activité économique et les services. Il ne s’agit donc pas uniquement de défendre les équipements de santé de Remiremont mais bien de défendre l’accès à la santé pour tous dans les Vosges et au-delà, et de participer à la construction d’un projet territorial qui intègre des orientations fortes en matière de santé publique ».

Et maintenant ? Quelles orientations ?

Jean Pierrel de poursuivre : « Nous faisons le constat du poids insuffisant des élus et de la population qui s’exprime d’une manière ou d’une autre, pour infléchir les décisions et orientations souvent prises bien loin de nos territoires de vie. Au lieu d’agir nous subissons et quand nous agissons…nous subissons encore le mépris, ou l’absence de réactions concrètes. Cela a été particulièrement manifeste tout au long du mouvement des ʺgilets jaunesʺ (qui dans les Vosges ont porté la revendication de la défense des hôpitaux) et depuis plus de 6 mois de l’absence de réponse de bon niveau aux problèmes des services des Urgences qui sont en grève. Pour autant la santé concerne tout le monde et c’est sans doute la raison qui rend la grève des urgentistes et l’action de défense des hôpitaux si populaires. Il nous faut donc encore travailler, ne pas renoncer, continuer à sensibiliser et construire de nouvelles façons de travailler ensemble dans les territoires et entre les territoires. Les élus perdent beaucoup d’énergie à essayer d’exister en prenant des initiatives isolées qui leur donnent l’illusion de pouvoir faire bouger des lignes. Ils ne sont pas assez rassemblés sur des objectifs communs ni assez collectifs dans la manière de les atteindre. La société civile, dont notre association fait partie, est étiquetée et cantonnée dans des couloirs bien séparés. Il nous faut donc faire sauter ces barrières et poursuivre l’information, la formation et l’acculturation à la maturité coopérative ».

Le président Jean Pierrel, conclura son rapport moral en ces termes : « Nous ne sommes pas désespérés, nous sommes convaincus qu’il nous faut garder les manches retroussées et nous y atteler nous-mêmes. Nous allons proposer aux futurs élus qui n’ont aucune obligation d’installer un conseil de développement dans leur communauté de communes  ou dans le périmètre du Parc, que nous prenons l’initiative d’en installer un et d’agréger autour de nous les bonnes volontés des conseils de développement existants pour construire un projet territorial dans lequel la santé sera la priorité. Nous proposerons aux élus de délibérer le moment venu sur le contenu de ce projet auquel ils auront pu travailler avec nous. Mais nous n’attendrons plus qu’ils soient prêts ».