Les associations sont dans le flou, mais elles redoutent d’être encore les sacrifiées. Elles font la grimace et demandent aux élus de prendre leurs responsabilités pour reconstruire une société de proximité, où l’on vit bien, là où on est.
« Nous n’avons aucune visibilité, explique Ludovic Masson, co-président de Réseau d’êtres qui regroupe une quarantaine d’associations culturelles et d’éducation populaire. Nous dépendons à 70 % de fonds publics. Sans activité, on n’a plus de revenus propres et nous ne savons pas si les collectivités vont maintenir leurs subventions, puisque nous ne pouvons pas assurer nos prestations. La crainte c’est qu’on soit encore sacrifié ! »
Combien de temps pourra-t-on payer les salaires complets ?
Avec le chômage partiel, la plupart des associations ont réussi à payer les salariés à 100% de leur salaire. « En avril, on prendra sur nos fonds propres, mais en mai, on ne pourra plus payer sans se mettre en danger” , précise Ludovic Masson. D’autant plus qu’il n’y a que des incertitudes sur la reprise. Quand les associations pourront-elles reprendre ? Comment ? Devront-elles investir pour respecter les mesures de sécurité sanitaire ?
Combien de temps faudra-t-il aux gens pour revenir ?
Et puis après ce traumatisme, une fois l’autorisation donnée, combien de temps faudra-t-il aux gens pour reprendre leurs activités ? « C’est une période de guerre, poursuit-il. Nous luttons contre le Covid-19, mais comment relance-t-on un pays marqué par la crise sanitaire ? Nous avions tenté de remettre les élus face à leurs responsabilités en les interpellant sur la place de la culture et de l’éducation populaire”.
Pas les mêmes armes pour combattre.
“Dans les discours, tout est parfait. Tout le monde reconnaît la valeur de ce que nous apportons et le mérite de ce que nous mettons en place, poursuit Ludovic Masson. Mais quand il faut choisir qui sacrifier, c’est encore nous ! Nous arrivons avec nos arcs et nos flèches face à des tanks. Certains lobbys attaquent carrément avec des armes de destruction massive et là, nous ne sommes pas à égalité ! ».
Que les citoyens vivent bien, là où ils sont.
Les associations sont là pour tenir le maquis, mais il faudra une volonté politique pour reconstruire la société d’après Covid. « Il faut qu’on soit prêts, qu’on ait des solutions de reconstruction saine. Nous voulons une société qui vit bien et qui se protège et ça passe par retrouver nos savoir-faire, reconquérir des compétences et redonner aux citoyens la possibilité de vivre bien, là où ils sont. Mais on ne pourra pas le faire seuls», défend Ludovic Masson. Autrement dit, il parie sur une révolution sociétale …