L’association pour l’équilibre et le développement du massif vosgien s’oppose à la réintroduction du Grand Tétras

Nous reproduisons ci-dessous l’avis de l’AEDMV sur la réintroduction du Grand Tétras.

L’Association pour l’Équilibre et le Développement du Massif des Vosges (AEDMV) a pris connaissance des documents rendus publics concernant l’enquête publique sur l’introduction de Grands Tétras.

Le dossier est chapeauté par le parc Régional des Ballons des Vosges, et la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement du Grand Est, ainsi que d’autres identités, comme l’OFB, et l’association Tétras Vosges.

Ce projet d’introduction a été étudié par différents organismes comme le Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel du Grand Est ou le Conseil National de la Protection de la Nature. Ces derniers ont donné un avis défavorable pour diverses raisons, dont le manque de qualité de l’habitat, le manque de surfaces, une mortalité trop importante des animaux introduits, un coût trop important pour ces quelques mesures, le manque de rigueur scientifique, ou d’interprétation des études scientifiques, etc…

Le comble, c’est que de nombreuses associations environnementalistes sont contre ce projet d’introduction comme Vosges Nature Environnement, Oiseaux nature, et bien d’autres. Même l’ancien président du parc des ballons des Vosges, Philippe Girardin est contre ce projet !

L’AEDMV a consulté le dossier. On a constaté effectivement de nombreux problèmes dans ce projet décrit par le parc. Comme par exemple, dans le dossier initial, page 25, il est écrit que les zones de quiétude couvrent actuellement 43.6% de l’aire de présence potentielle. Le document projet nous renvoie sur une carte Cf carte 12 en annexe 3. On constate les pourtours des zones historiques en trait noir, et les zones de quiétude qui occupent une partie des zones historiques . L’AEDMV a vérifié ces zones de quiétude via le site “quiétude attitude” dont le parc en a la gestion. On a constaté que les zones officielles et réelles étaient bien supérieures aux zones de quiétudes décrites dans l’étude du projet ! Ces documents ont donc été manipulés dans le but de minimiser des zones de quiétude. Pourquoi ? Est-ce dans le but d’en redemander d’autres ? L’AEDMV posera cette question au parc !

De même, il est écrit , dans les causes du déclin du grand tétras, en page 16 : « Augmentation de la pression de prédation” …./… “L’absence de grands carnivores favorise la présence de méso prédateurs qui peuvent avoir un effet négatif sur des populations fortement fragilisées du fait de leur faible effectif “…/…”Cette prédation résulte plutôt des prédateurs généralistes : rapaces, renards, martres, sangliers, corvidés. Ces derniers voient leur développement favorisé par les activités de loisirs dans les espaces naturels mais également par les surdensités de cervidés (Baines 2004) ».

Dans ce paragraphe, on constate plusieurs erreurs. La présence de grands prédateurs est avérée depuis plusieurs années comme le loup et le lynx. Pourquoi nier cette présence ?

A lire leurs écrits, il faut donc croire que c’est du fait des activités de loisirs , donc les touristes qui vont engendrer le développement des rapaces, renards , martres, sangliers et corvidés ?

C’est vraiment surprenant. Mais ils se basent sur une étude scientifique de Baines de 2004. On a retrouvé le document mais il n’y a pas cette explication dans l’étude ! C’est incroyable de faire référence à des études scientifiques pour faire croire des aberrations de ce genre ! Même le conseil scientifique régional du patrimoine naturel du Grand Est a contesté cet argument des effets des meso prédateurs.

Ces deux exemples non exhaustifs montrent le manque de sérieux de cette étude d’introduction.

L’AEDMV s’oppose à cette introduction pour d’autres arguments bien plus importants qui vont pénaliser l’équilibre fragile du massif des Vosges :

  • L’argument principal annoncé par le parc est qu’il est nécessaire d’avoir 45 000 ha de zone pour le maintien de l’aire vitale potentielle du grand tétras. (page 23).
    Le conseil scientifique annonce en page 7 une surface de 25 000 ha (5 fois la commune de La Bresse). Ces zones vitales doivent être en zones de quiétude fortes et contrôlées. Sentiers, routes seraient fermées ou déviées. Il est prévu de supprimer 60 sentiers de randonnée (balisés ou non balisés suivant les documents), 30 chemins motorisés et 180 banderoles de zone de quiétudes . Il est prévu de condamner les parkings qualifiés de “sauvage” . Les parkings même officiels seraient fermés s’ils se situent trop près des zones d’activité du grand tétras.
  • Ces zones de quiétudes sont des zones de réensauvagement non avouées .
  • Le développement du tourisme 4 saisons est critiqué , voire remis en cause dans ces divers documents d’étude
  • L’AEDMV a remarqué que l’activité agricole n’est même pas mentionnée dans ces documents. Pourtant , elle est concernée par ses nombreuses surfaces qui se trouvent dans le projet, ce qui impacterait lourdement. Pour rappel, la chasse et l’ exploitation forestière y sont concernées via des restrictions et interdictions.

Nos espaces de montagne, exploités, façonnés, et vivants sont reconnus pour hautes valeurs environnementales. L’introduction du grand tétras sur le massif des Vosges ne va pas faire changer la qualité de notre environnement mais va plutôt faire partir nos acteurs économiques du massif, indispensables au maintien des écosystèmes et de la biodiversité. Le massif ne doit pas servir de compensation pour les autres régions pour se racheter une conscience.

L’équipe AEDMV.