Remiremont – Dans les coulisses du 75ème anniversaire de la libération 

Personnalités de la ville, co-organisateurs de l’exposition sur la libération, témoins de l’époque  et descendants des américains libérateurs demeuraient réunis côte à côte ce samedi matin au centre culturel Gilbert Zaug  afin de tourner les grandes pages  et de revoir les images de la libération de la cité.  En purs romarimontains ayant vécu ces événements, Jacques et Annie Gimbert nous ont confié quelques faits d’il y a 75 ans. Un souvenir intact gravé pour toujours dans leurs mémoires.

Agé de 12 ans à l’époque, issu de parents tenanciers d’une boutique de bonneterie, Jacques Guimbert s’affirme comme le témoin parfait des événements de la libération et des moments qui l’ont précédée. Il avoue franchement « j’ai vécu tout cela dans la partie haute de la grande rue ». Le romarimontain en connaît long  et ses récits sont remplis d’anecdotes. Jacques Guimbert possède d’ailleurs une multitude de photos d’époque. Des clichés qui demeureront éternels et dont nous reproduisons ci-après quelques exemplaires.

Parmi ses souvenirs, le romarimontain relate un mortier d’obus tombé chez Vial, un grand magasin de vêtements. Il évoque aussi la débâcle allemande qui a duré deux jours. Un premier convoi d’engins motorisés et un second tiré par des chevaux. Concernant ce dernier, il se souvient que les troupes et les équidés ont dormi sous les arcades. Des généraux allemands, qui eux, dormaient plus confortablement dans une brasserie de la Grande Rue, donnaient l’ordre au petit matin d’évacuer le plus rapidement possible.  Jacques Guimbert dispose par ailleurs des 58 journaux édités sous le titre « Libération » (organe officiel du comité provisoire de Remiremont et des environs) dont le 1er exemplaire fut daté du 23 septembre 1944. Des documents que l’on peut par ailleurs consulter aux archives municipales.

Il évoque aussi que quatre soldats américains avaient été faits prisonniers par les allemands lors du repli de ces derniers. Les prisonniers alliés furent enfermés quelques jours à l’école Maxonrupt et c’est son ami André Doridant (dont le père était boucher au bas de la Grande Rue) qui leur apportait de la nourriture à travers les grilles de la grande cour. L’un de ces soldats américains, Jo Hewett, est d’ailleurs revenu à Remiremont assister aux cérémonies du 50ème anniversaire de la libération. C’était en 1994, une rencontre émouvante pour Jacques Guimbert.

Des images et des témoignages inédits

Ce samedi, c’est aussi en présence de familles des descendants de soldats américains libérateurs qu’ont été présentés deux films vidéo exceptionnels. Le premier présentant la libération de Plombières-Les-Bains ainsi que le passage des américains à Saint-Nabord. Une présentation exacte rendue possible grâce à un montage réalisé par Christian Schirm, d’après des images tournées à l’époque au sein des troupes présentes. Un film dans lequel l’on voyait très clairement Jean Hilfiger, jeune héros de 14 ans qui a guidé les troupes sur les bords de la Moselle au lieudit Noirgueux. Présent dans la salle, le navoiriaud qui approche aujourd’hui les 90 ans, a ensuite apporté son propre récit avec une parfaite lucidité.

Puis ce fut le film réalisé à l’époque par le photographe René Menigoz qui fut projeté. Quelques vingt huit minutes résumant trois jours de tournage consacrés à la débâcle allemande et à l’arrivée des troupes alliées libératrices. Des images commentées là encore de manière précises par Jacques Guimbert. La parole fut aussi donnée à Roland Thomas, déporté, qui a évoqué près de cinq années d’enfer. C’est avec une grande humilité que Jean Hingray, le maire de la ville, remerciait les différents intervenants ainsi que toutes les personnes qui ont oeuvré, autour de Julien Balland,  à la préparation des événements marquant ce 75ème anniversaire de la libération de la cité et du pays de Remiremont. Une commémoration qui se poursuivait ce samedi après-midi avec un défilé de véhicules militaires au coeur de la ville, puis une cérémonie au cimetière militaire. Rendez-vous également demain dimanche à 16 h pour une reconstitution historique à la stèle de Noirgueux à Saint-Nabord.

Article de Denis Philippe.