SOS Massif des Vosges reproche aux acteurs locaux de privilégier le tourisme à la préservation du patrimoine naturel et de ne pas mesurer l’ampleur des dégradations occasionnées à une époque, où la sauvegarde de la planète impose des changements de comportements.

Les différents acteurs se sont laissés convaincre que l’équipement présentait peu de risques de grosses dégradations de l’environnement, parce que ce sont des vélos, des utilisateurs respectueux de la nature. Mais ils ont oublié que la fréquentation massive peut changer la donne. Or, ce Bike Parc se trouve en zone Natura 2000, en zone protégée.

Un dossier d’incidence reçu après l’ouverture

SOS Massif des Vosges dénonce déjà le non respect des périodes de non intervention entre le 30 mars et le 1er août qui protège la nidation. L’activité a ouvert le 15 juin et a fonctionné jusque fin novembre. L’association déplore que le dossier d’incidence Natura 2000 n’ait été réceptionné que le 19 septembre, alors que le parc était déjà ouvert au public. Ce qui démontre que l’aménageur n’en a pas tenu compte.

Une dégradation importante constatée

Après quelques week-ends d’utilisation, les membres de SOS Massif des Vosges se sont rendus sur le terrain le 14 septembre. Ils ont constaté une dégradation importante des sols en sous-bois, des ravinements, des racines à l’air libre, l’humus dégradé en dehors des tracés.

Du hors piste

Plusieurs vidéos tournées par les utilisateurs eux-mêmes et publiées, montrent des vélos qui dévalent volontairement en hors pistes. « Les vététistes crient et échangent leurs impressions en permanence pendant la descente. Cet échange à un niveau sonore élevé, ne peut que faire fuir la faune » remarquent les membres des différentes associations qui ont rejoint le Collectif SOS massif. Ce qui va élargir le champ des dégâts sur les jeunes pousses de sapins et de hêtres et rendre plus compliquée la régénération »

Une érosion importante

Même si l’exploitant a annoncé qu’il s’engageait à porter une « attention toute particulière à l’entretien des pistes pour éviter l’érosion et permettre l’écoulement des eaux de pluie », il semble que à ce jour, ça ne soit pas le cas. Des constatations qui sèment la consternation parmi les défenseurs du massif.

La préservation doit être prioritaire

« Le Massif Vosgien a vu se développer, en très peu de temps sur son territoire, nombre d’équipements dits de loisirs ainsi qu’une inflation d’événements toujours plus imposants qui se font concurrence, souligne SOS Massif, pour qui il n’est plus acceptable que les lobbys privés, qui ont des intérêts financiers à installer ces structures de loisirs, continuent à influencer les politiques publiques au détriment de la préservation du site.

Un contexte de modification brutale des équilibres

Les aménageurs prétendent qu’encadrer ces pratiques est la meilleure façon d’éviter l’extension des comportements sauvages, mais les défenseurs de la nature constatent que c’est le contraire qui se passe. SOS Massif interpelle les décideurs. « La défense d’un loisir ne doit pas avoir droit de cité et s’imposer dans le contexte de modification brutale des équilibres climatiques et environnementaux que nous connaissons, insistent les défenseurs du Massif.

“A-t-on pris la mesure de la situation ?”

“Prend-on réellement la mesure de la situation, en favorisant la pratique d’activités destructrices dans des milieux fragiles qui se dégradent très rapidement ? Quel exemple et quelle sorte d’éducation à l’environnement transmet-on à la jeunesse, en laissant penser que la nature puisse être instrumentalisée et exploitée pour servir les intérêts particuliers de quelques -uns ? Ceci, sans considération pour le milieu, uniquement perçu comme un terrain de jeu ».

Valoriser le territoire de manière éco-responsable

« Les biotopes d’altitude du Massif du Markstein présentent une richesse et une diversité de flore et de faune remarquables. Pourquoi ne pas promouvoir des animations intergénérationnelles de découverte et d’éducation à l’environnement ? Une meilleure prise en compte de l’histoire des marcairies, avec notamment celle de l’Oberlauchen, considérée comme pionnière du concept de ferme-auberge au début du XIXe siècle ? ». Cela permettrait de faire cohabiter économie et écologie.

Limiter les voitures

Un développement raisonnable du Markstein passe pour les défenseurs du Massif par des mesures fortes de limitation de la pénétration automobile, en développant les accès collectifs par navettes, en aménageant des aires de covoiturage en fond de vallées et en menant une réflexion audacieuse sur la réduction des flux sur la « route des crêtes ». Ils parlent également de renaturation des sites artificialisés.

Photos Lautenbachois.fr

SOS Massif des Vosges, Alsace nature (groupe Florival), Florival en transition, VAL (Linthal), Alsace nature (groupe Thur-Doller).