Un 1er mai ouvre un mois entre espoir et interrogation

Le billet de Denis Philippe.

Ce 1er mai, journée internationale des travailleurs, ne constituera certainement pas un vrai jour de fête en cette année où nous resterons plongés dans un confinement aussi prudent que nécessaire.

Un 1er mai où tout d’abord ne se posera pas la traditionnelle question de savoir si la journée donnera lieu à un défilé unitaire ou pas. Le problème est en effet réglé d’office, aucun rassemblement n’étant possible en ces moments de crise sanitaire. Voilà donc les forces syndicales rangées, tels des pions dans leur boîte. Certes, les chefs de file vont avoir l’occasion de se montrer et de s’exprimer face aux micros et caméras, mais sans doute pour constater bien simplement et amèrement la situation du moment.

Une situation faisant état que 11 millions de travailleurs français se trouvent actuellement en chômage partiel, la faute à une toute petite chose nommée Covid-19. Une toute petite chose, oui, mais qui marque les esprits par ses ravages.

Tout un pays en grande partie à l’arrêt, une population qui n’en peut plus d’être confinée, tout en étant cependant inquiète face à la perspective de se remettre en route à l’échéance du 11 mai prochain. Une échéance rimant avec toute la prudence qui va devoir s’imposer, car rien n’est gagné d’avance. A l’aube de ce mois de mai, tout demeure encore bien fragile et c’est ainsi que nous nous apprêtons à rentrer dans une période d’observation au lendemain du 11. Une période d’essai et de confiance conduisant chacun d’entre nous jusqu’au 2 juin, ainsi que l’a précisé le Premier Ministre ce dernier mardi.

Une situation qui met au placard le célèbre proverbe « En mai, fais ce qu’il te plaît ». Une période renvoyant du même coup l’adage du « joli mois de mai » avec ses moments de joie, ses ponts du 1er, du 8 ou encore de l’Ascension. L’enthousiasme habituel ne sera pas au rendez-vous et pour cause : déplacements limités, grandes retrouvailles familiales impossibles, absence d’événements culturels, sportifs et festifs, restaurants et établissements de loisirs toujours contraints à une fermeture.

Le régime des restrictions reste de mise à plus d’un point. Et pourvu que tout tienne sans engendrer le spectre d’une seconde vague de contamination. Alors, le meilleur moyen va consister à bien nous tenir en s’appuyant sur les mesures barrières dictées en haut lieu. Pensons-y et retenons la leçon de cette période de confinement. Que diable, ne brisons pas tout à l’échéance du 11 mai.

Le mot d’ordre va être de ne pas céder à la moindre tentation. Sauf sans doute en ce 1er mai à celle d’offrir un brin de muguet porte-bonheur à un être cher ou à ses proches. Mais là encore, avec le discernement nécessaire. L’occasion aussi d’avoir une pensée envers les fleuristes qui ne sont pas à la fête en ce jour d’ordinaire si égayant et si embaumant à l’intérieur de leurs boutiques. Eux, ont sans doute un gros brin de tristesse sur le coeur.

Le mois de mai s’ouvre entre deux notes : celle de l’espoir avec l’arrivée de jours meilleurs, mais aussi celle de l’interrogation en regard des moments d’après…

Denis Philippe.