Paul Villemin est le dernier à être né au château de Saulxures-sur-Moselotte

Le docteur Paul Villemin est le dernier à être né au château de Saulxures-sur-Moselotte. C’était en 1931. 89 années plus tard, il est revenu sur les pas de son enfance.

Il est le plus jeune des cinq enfants d’Yvonne et Claude Villemin. Claude Villemin est le dernier de la descendance des Villemin, à avoir géré les Filatures et Tissages de Saulxures-sur-Moselotte, après la deuxième guerre mondiale.

L’entreprise a été fondée par Jean-Thibaut Géhin en 1825, sa veuve Elisabeth Géhin lui a succédé à son décès en 1845. Celle-ci est décédée après ses fils en 1870 et dès lors, le bien est revenu à l’une de ses nièces, marié avec un Villemin. Les Villemin se sont succédé sur plusieurs générations puis dans les années 1960, leurs cousins de la famille Vandamme ont repris l’affaire.

La réalisation du château a été commandée par Elisabeth Géhin en mémoire de son mari, le premier industriel de la vallée de la Moselotte. Il a été construit entre 1854 et 1861.

Paul Villemin y a notamment connu  la guerre. Il avait 8 ans lorsqu’elle a commencé en 1939 : “les Saulxurons sont venus se réfugier dans les caves du château où ils y ont passé plusieurs semaines. Le bâtiment a été épargné par les obus car les cartes étaient fausses”.

L’une de ses soeurs, Françoise, soignait les blessés de guerre dans le château. Une autre de ses soeurs, Anne, a marié l’un des libérateurs du col de Morbieux.

“Le château a servi de quartier général aux Allemands puis quand ils se sont repliés, l’état-major français s’y est installé. Saulxures-sur-Moselotte a été libéré le 11 octobre 1944” se souvient Paul Villemin, la mémoire intacte.

Dans les années 50, il a poursuivi ses études en médecine dans la région parisienne. Il s’est ensuite installé dans les Hautes-Alpes, revenant dans le château de son enfance jusqu’au moment où la toiture en ardoise a commencé à percer. “A partir des années 1970, le château n’a plus été habité et maman s’est retirée dans un appartement des Filatures et Tissages” précise Paul Villemin.

Avec ses enfants et ses petits-enfants.

Actuellement en villégiature dans les Vosges avec sa famille, Paul Villemin a mis à profit ce dimanche pour revenir avec ses enfants et petits-enfants sur les lieux de son enfance. Ses descendants ont eu droit à un petit cours d’histoire.

A cette occasion, Paul Villemin et sa famille ont eu plaisir à rencontrer Jean-Paul Arnould, adjoint au maire. Celui-ci a pu se rendre compte de l’attachement de l’alerte octogénaire au village de sa jeunesse.

D.J.

Avec l’adjoint Jean-Paul Arnould.

Un château construit entre 1854 et 1861.

La réalisation du château a été commandée par Elisabeth Géhin en mémoire de son mari. Il a été construit entre 1854 et 1861 sur les plans de l’architecte Charles Perron. Les deux fils de Madame Géhin, Auguste et Ernest, qui menaient une vie d’artiste à Paris ont fait venir à Saulxures-sur-Moselotte Georges Clère, le décorateur du Nouveau Louvre de Napoléon III. Pour cette commande en Province, éloignée de la capitale, Georges Clère s’était permis des fantaisies qu’il n’aurait pas pu se permettre à Paris en réalisant les quatre splendides atlantes et cariatides de l’avant corps central, immortalisant les quatre saisons.

Les dimensions, l’architecture et la décoration étaient de grande qualité : parquet en marqueterie, larges cheminées en marbre de Carrare, escaliers somptueux, plafonds peints par Félix Haffner, sculptures multiples, tapisseries monumentales, rien n’avait été trop beau pour la construction de cet édifice de style Louis XV, réalisé par les plus grands artistes de l’époque. C’est la maison Jeanselme Père et Fils, fournisseur du mobilier de la Couronne Louis-Philippe Ier et Napoléon III qui avait meublé le château. Les grilles, œuvres de Desforges, Brochon et des frères Festugières étaient les copies de celles de la place Stanislas à Nancy.

Le fait qu’Elisabeth Géhin ait dépensé pour cet ouvrage près de 2 000 000 de francs alors qu’en 1861, ses deux filatures avaient une valeur de 1 150 000 F et les deux tissages une valeur de 501 000 F constitue un témoignage de cette époque prospère du textile.

Jean-Thiébaut Géhin était en effet considéré comme l’un des industriels ayant le plus contribué en France, par la beauté de la toile qu’il faisait fabriquer, à établir la réputation des calicots des Vosges.

À l’origine, deux grandes verrières reliaient le bâtiment principal aux deux dépendances. Les façades, toitures et dépendances du château sont inscrites en tant que monuments historiques, par arrêté du 21 décembre 1984.