Hiver 2020/21, une énième saison douce

Bien qu’un peu moins doux que les deux derniers hivers et malgré un mois de janvier relativement froid puis une petite vague de froid en février, l’hiver 2020-2021 a une fois de plus été doux. Frédéric Decker, météorologue à MeteoNews, dresse le bilan de l’hiver, revenant également sur les paramètres des précipitations et de l’ensoleillement.

Après un mois décembre doux (+0,6 degré par rapport à la normale 1991-2020), janvier a donc été assez froid (-1,0 degré). Février a ensuite renoué avec la douceur, et ce malgré une période froide du 7 au 14. La seconde moitié du mois a ensuite été franchement douce pour ne pas dire printanière, avec des thermomètres s’envolant pour parfois dépasser 20 degrés jusqu’au nord de la Loire. Avec une température moyenne de 7,9 degrés, février 2021 dépasse la normale 1991/2020 de 1,8 degrés. Le froid a pourtant été intense durant huit jours notamment sur un grand quart nord-est avec un pic à -17 degrés à Mulhouse le 14 ! Une Saint-Valentin pas très chaleureuse, on a connu mieux ! En très peu de temps, février 2021 a basculé dans le printemps, jusqu’à atteindre 23,9 degrés le 21 à Biarritz, record de chaleur national du mois. Au final, l’hiver 2020-21 (du 1er décembre au 28 février) affiche une moyenne nationale de 6,4 degrés pour une normale 1991/2020 de 5,9 degrés. Il s’agit du troisième hiver consécutif ayant connu une moyenne supérieure à 6 degrés, événement observé pour la seconde fois après les hivers 87/88, 88/89 et 89/90. Nous restons toutefois assez loin derrière l’hiver record de douceur établi… l’an dernier avec une moyenne de 8,1 degrés ! Il faut remonter à l’hiver 2016/2017 pour retrouver un hiver sous la dernière normale (-0,1 degré), et à l’hiver 2012/13 sous la précédente normale (1981/2010 de 5,6 degrés).

Beaucoup de pluie

Après un mois de décembre particulièrement pluvieux, le deuxième plus arrosé de ces 75 dernières années juste après 1981 (131 mm contre 141 mm en 81), janvier est resté très arrosé, dans une moindre mesure. Mais ces nouvelles pluies excédentaires (99 mm, +46%) ont occasionné des crues et inondations parfois importantes à travers une grande partie du pays. Fort heureusement, la situation s’est calmée en février au retour de conditions plus anticycloniques, et ce malgré un tout début de mois encore très humide. Résultat : février a été légèrement déficitaire à l’échelon national avec une moyenne de 47 mm de pluie reçue pour une normale de 55 mm, soit un déficit de 15%. Clermont-Ferrand n’a reçu que 10 mm de précipitations en février. A l’inverse, il est tombé jusqu’à 99 mm à Quimper. L’hiver a donc été bien arrosé avec une moyenne nationale de 277 mm pour une normale de 199 mm, soit un excédent de 39%. Même chiffre qu’au cours de l’hiver 2017-18. Sept hivers ont été plus arrosés que cette année depuis 1946, le record appartenant toujours à l’hiver 1978/79 avec 306 mm.

Quant à la neige, elle aura été bien présente sur les massifs… mais aussi parfois en plaine, notamment mi-janvier en Alsace avec une vingtaine de centimètres jusqu’au nord du Rhin, valeurs qui n’avaient plus été atteintes depuis 2010.

Le soleil s’est fait désirer

Les conditions dépressionnaires omniprésentes en décembre, janvier jusqu’à début février ont permis au soleil de briller… par son absence, en tous cas par des chiffres bien faiblards. Un certain rattrapage a eu lieu en février, notamment sur un large quart nord-est, alors que les régions méridionales connaissaient un mois assez tristounet. En moyenne nationale, le soleil a brillé 106 heures en février, très léger déficit par rapport aux 109 heures de normale (-3%). C’est à Ajaccio que le soleil a le plus brillé avec 158 heures de présence contre un minimum de 68 heures à Cherbourg. Les disparités géographiques ont été importantes avec par exemple 137 heures de soleil à Colmar, mais seulement 80 heures à Bordeaux et 78 heures à Carcassonne. Le total saisonnier n’est pas folichon : 232 heures d’ensoleillement national seulement pour une normale de 274 heures. Le déficit atteint -15%. L’hiver 2017-18 était encore moins ensoleillé (221 heures) et le record de faiblesse reste 211 heures durant l’hiver 1950-51.

Un énième hiver doux, cela devient franchement une habitude et s’inscrit dans le contexte de réchauffement climatique moderne. Fort heureusement et parfois malheureusement, il a beaucoup plu : heureusement après une sécheresse récurrente l’an dernier, malheureusement avec des conséquences évidentes sur les cours d’eau en crue qui ont provoqué des inondations. Enfin, l’astre du jour ne sera pas montré sous son meilleur aspect avec un déficit marqué.