Climat : pic de pollution en plein confinement en mars 2020

Après l’hiver le plus doux qu’ait connu la France, douceur et fraîcheur ont davantage alterné en mars, de façon équitable. La pluie de la première quinzaine a cédé la place au soleil. Frédéric Decker, météorologue à MeteoNews, dresse le bilan du mois.

Après cet hiver 2019-2020 uniformément doux, douceur et froid ont alterné de façon équitable sur la France en mars. Des fortes gelées tardives ont même eu lieu en fin de mois avec des valeurs descendant entre -5 et -8 degrés dans le nord-est jusqu’aux régions centrales, mettant à mal une végétation très avancée et provoquant des dégâts sur les cultures. Avant cela, un pic de douceur a eu lieu en milieu de mois avec plus de 20 degrés, réveillant encore un peu plus vite la végétation.

Au final, avec 8,9 degrés de moyenne, mars 2020 est parfaitement dans les clous par rapport à la normale 1991-2020 à 0,1 degré près (au-dessus), et 0,5 degré au-dessus de la normale 1981-2010. Le décalage de 10 ans des normales climatiques a fait gagner 0,4 degré donc au mois de mars. En comparaison au 8,8 degrés actuels en normale mensuelle, la période 1951-80 affichait 7,1 degrés de « normale » trentenaire, soit un gain de 1,7 degrés ! Le réchauffement climatique est bel et bien passé par là… Le minimum absolu national a été de -5,8 degrés à Vichy le 31 et jusqu’à -8,0 degrés plus localement à Mourmelon-le-Grand, dans la Marne. Des fortes gelées tardives qui restent un événement rarement observé. Quant au maximum absolu national, il a été atteint le 11 à Nîmes avec 25,2 degrés.

Précipitations : un mois coupé en deux.

La première quinzaine de mars restait dans le rythme de l’hiver avec des perturbations fréquentes et actives. Les pluies ont été abondantes, représentant quasiment le double de la normale sur la plupart des régions. Mais le régime météorologique a basculé dans l’excès inverse ensuite, à savoir une succession d’anticyclones, interdisant aux perturbations de passer, et donc à la pluie de tomber. Il n’a quasiment pas plu en seconde quinzaine. Ces deux types de temps radicalement opposés, coupant précisément le mois en deux, donnent un chiffre pluviométrique national moyen de saison : 56 mm pour une normale de 55 mm. Juste un petit millimètre d’excédent ! Les pluies ont été excédentaires du Roussillon au sud-ouest jusqu’aux Pays de la Loire, sur le Nord-pas-de-Calais, les Alpes, le Comté Niçois et la Corse, souvent de saison ailleurs, mais déficitaires de la Normandie à la Bretagne, sur le sud de l’Alsace et de l’ouest de la Bourgogne au Golfe du Lion. Après un hiver sans, la neige s’est manifestée jusqu’en plaine dans le sud-ouest… et en Corse les 25 et 26 !

Bon ensoleillement.

Les conditions anticycloniques de la deuxième quinzaine et surtout de la troisième décade ont apporté énormément de soleil sur pratiquement tout le pays, notamment sur la moitié nord. Le manque de soleil relatif de la première décade a été largement compensé. Mars 2020 termine donc en excédent de lumière sur l’ensemble de la France, avec une moyenne nationale de 169 heures d’ensoleillement pour une normale de 156 heures. L’excédent est de 8%. Nous restons très loin du mois de mars le plus ensoleillé : 1961 et ses 242 heures !

Pic de pollution en plein confinement.

La période de confinement due à la pandémie au coronavirus ou covid-19 a occasionné une baisse sensible des polluants… avant une brutale reprise allant jusqu’à un pic de pollution en particules le 28 mars, malgré une circulation automobile au plus bas. Pourquoi ? D’une part parce que froid de la fin du mois a obligé les Français à davantage se chauffer, à remettre les chaudières en marche et allumer des feux de cheminées, libérant des particules.

D’autre part à cause de la configuration météorologique : l’anticyclone au nord de l’Europe a dirigé un flux de nord-est froid chargé en particules polluantes… venant de Pologne et d’Allemagne où les usines à charbon continuaient de tourner.

Un mois de mars qui s’inscrit dans la normalité des 30 derniers derniers, un peu plus doux que la trentaine précédente, très doux par rapport aux anciennes normales… Le réchauffement climatique se confirme ! Des pluies donc de saison, bien que très contrastées, et un soleil plutôt généreux.

Frédéric Decker, MeteoNews SA, mardi 7 avril 2020, 15 heures 00.