C’est la question qui était débattue mardi soir à Vagney à l’initiative de l’ADEMAT-H (défense de la maternité et des hôpitaux du bassin de vie). En gros, si l’État n’assure plus l’accès aux soins, partout et pour tous, est-ce que des centres de santé peuvent apporter une solution ? Le Docteur Richard Lopez, président de la Fabrique des centres de santé de territoire, était là pour présenter cette structure.
“L’accès aux soins de premier recours, médecin généraliste, médecin traitant, s’est considérablement dégradé en France depuis 10 ans. Près de 44 millions de personnes vivent dans des territoires déficitaires, ça représente plus de 66% de la population française“, introduit le Docteur Richard Lopez.
Sortir d’un système figé.
“Notre système de santé ambulatoire est resté figé sur un modèle désuet, totalement inadapté aux besoins d’une population vieillissante, souffrant de pathologies chroniques, sociétales et environnementales“, constate-il. Rien n’a été anticipé, c’est un constat. Les médecins en exercice vieillissent et la relève ne s’installe pas à la campagne. Il va falloir 15 à 17 ans pour voir sortir les 1ers spécialistes depuis l’ouverture du Numérus Clausus.
Des coopérations entre les professionnels et les acteurs du territoire.
Le Centre de Santé regroupe selon les besoins, les professions médicales, paramédicales, et les nouveaux métiers de la santé. Il développe des coopérations avec les acteurs du territoire, pour élaborer un suivi adapté de la population.
Des professionnels salariés.
De plus, le Centre de santé propose aux professionnels un temps de travail maitrisé, qui préserve leur vie privée. Il salarie ses professionnels et c’est la principale différence avec une maison de santé. Enfin, il fait la place aux actions de santé publique, de prévention, d’éducation à la santé, d’éducation thérapeutique et aux actions sociales pour les personnes les plus isolées ou les plus vulnérables.
Quelle taille critique ?
La salle était pleine, preuve que la population s’interroge sur l’avenir. “Mais quel est le seuil de viabilité ?”, questionne Didier Houot, maire de Vagney et président de la Communauté de Communes des Hautes Vosges, qui imagine le coût des locaux, de l’énergie, du personnel d’entretien … qu’il va falloir payer sur l’argent des citoyens. Pour le Docteur Lopez, c’est le bassin de vie qui regroupe 82.000 habitants.
La téléconsultation en complément
La téléconsultation vient en complément de la présence en Centre de santé et des cabinets libéraux. “Ça peut permettre que les élus locaux reprennent la main sur la santé pour l’amener dans une déclinaison au plus près des besoins”, remarque Christian Biston, conseiller municipal de Cheniménil et de la CCB2V (secteur Bruyères).
Pas de rythme imposé !
Mais quand la discussion porte sur le temps consacré au patient pour rentabiliser la structure, il est question de 6 patients/h. “2 patients/heure, ce n’est pas possible !” insiste un directeur de centre qui évalue la viabilité à 200 voire 250 visites par semaine. Une logique des chiffres qui refait surface et ne convainc pas. Pas de supers héros sur le territoire ! Pour être attractif, il ne faut pas imposer de rythme. “Et travailler plus de 60 heures pour un médecin devient dangereux pour les patients. On a besoin de protéger médecins et population”.
Affaire à suivre …
Les centres mutualistes se développent également pour pallier les manques mais ils sont payés par les adhérents. Donc la question est bien comment et où trouver l’argent ? “L’Agence régionale de santé et l’État pourraient accompagner ces nouvelles structures“, suggère un ancien agent de l’ARS. Pour développer une formule complémentaire du secteur libéral qui se préoccupe de la prévention et de l’Éducation à la santé, mais ne soit pas réduite à des cadences infernales pour rentabiliser la structure. À suivre.
Brigitte BOULAY.

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